Être interprète

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/ Par Fabrice Ramalingon

« Travailler pour d’autres chorégraphes, c’est se déplacer d’un statut à un autre. De celui qui mène, dirige, à celui qui soutient, accompagne. Choisir d’être interprète permet d’entrer dans l’univers de quelqu’un d’autre et d’observer son mode de réalisation tant au niveau artistique qu’au niveau des moyens de production et de mise en œuvre. Découvrir ainsi d’autres façon d’envisager son métier, sa relation à son art, aux interprètes. Comprendre d’autres façons de se relier aux théâtres, aux institutions, aux territoires et apprendre ainsi de nouvelles façons d’œuvrer pour son art.

Artistiquement, pouvoir partager des univers aussi différents que ceux de Benoît Lachambre, Boris Charmatz, Yves-Noël Genot, Saskia Hölbling, Anne Collod déploie des champs aussi riches de par leurs diversités que par leur consistance de pensées et de savoirs. Eux-mêmes sont souvent entourés par ailleurs d’une équipe d’interprètes/chorégraphes, de musiciens, d’éclairagistes, de scénographes et favorise par là des échanges multiples et éclectiques. Cela crée un réseau d’artistes. Accompagner l’accouchement d’une forme de danse ou de spectacle et  remarquer comment modalités, jeux, techniques et états de corps s’inventent est d’une ressource inouïe. Les possibles adviennent et ouvrent de nouveaux chemins en empêchant la reproduction et l’enfermement. Cela crée aussi un réseau de pensées. Travailler avec ces chorégraphes qui sont souvent accueillis ou œuvrent dans des lieux prestigieux ou singuliers permet une visibilité dans des lieux tels les centres chorégraphiques nationaux et internationaux, les scènes nationales, le Théâtre de la Ville à Paris, les lieux phares de capitales européennes (Vienne, Essen, Berlin, Bruxelles, Helsinki) et les pays lointains Canada, Japon, Corée. Cela crée enfin un réseau de lieux.

Rencontrer de nouveaux contextes permet de mettre en perspective ses propres potentiels, ses acquis artistiques, son développement de compagnie, ses assises, ses richesses. Prendre conscience ainsi de sa situation et se remettre en question en modifiant, précisant et réajustant sans cesse.

Plus le chorégraphe pour lequel on décide de travailler a une écriture affirmée, un processus affiné, un langage corporel singulier et des méthodes de transmission efficaces, plus  l’inspiration et l’exigence seront grandes quand on fera un retour sur soi et sa propre création.

Ainsi se crée le désir d’affirmer sa propre écriture, d’affiner son propre processus, de rendre encore plus singulier son langage corporel et d’être encore plus efficace en terme de moyen de réalisation et de production. »

Boris Charmatz : http://www.museedeladanse.org
Anne Collod : http://parades-changes.over-blog.com/
Benoît Lachambre : http://www.parbleux.qc.ca/
Saskia Höbling : http://www.dans.kias.at